Il est des questions qu’il faut savoir régler « à froid quand on est chaud et non plus à chaud quand on est
froid », comme le disent les notaires. C’est le cas des successions d’artistes.
Celles de Bonnard, Chagall, Picasso, Giacometti, ont
fait l’objet de procès largement médiatisés. Comme celles des Guggenheim, de
Bernanos, Poulenc, Saint-Exupéry, Zao Wou-Ki et Buffet. Il faut dire que les
règles de transmission des œuvres artistiques sont particulièrement
complexes.
Une succession de droits en cascade
En effet, le droit d’exploitation d’une œuvre n’est valable
que pendant 70 ans après la mort de l’auteur. Au-delà, l’œuvre tombe dans le domaine
public. S’y ajoute un droit moral, pour veiller au
respect du nom et de la qualité de l’œuvre... mais qui n’est pas reconnu dans
tous les pays, notamment aux Etats-Unis. S’y ajoutent aussi un droit
patrimonial (droit de reproduction...) et un droit de propriété
intellectuelle qui prévoit un usufruit sur l’exploitation de
l’œuvre.
Enfin, il existe aussi un droit de suite,
c’est-à-dire le droit de percevoir un pourcentage sur le prix de revente d’une
œuvre d’art graphique ou plastique jusqu’à 70 ans après le décès de l’artiste.
Notion inconnue dans de nombreux pays.
Clarifier la législation
Pour s’en sortir, il faut bien sûr faire clarifier par les
artistes eux-mêmes, de leur vivant, leurs souhaits. Mais au-delà, il est aussi
temps de refondre entièrement l’arsenal juridique accumulé de façon
anarchique. Au moment où la justice manque de moyens humains et matériels,
un toilettage législatif permettrait de soulager les tribunaux de ces litiges à
répétition.
Bernard
Monassier, notaire honoraire et président de BM Family Office, avec Emmanuelle
Hoffman, avocate
Chronique
parue dans Challenges le 2 février 2017
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sur le site du Cercle des Fiscalistes
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