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mercredi 2 août 2017

Faire contribuer les citoyens au frais de justice







 Le microcosme judiciaire est en ébullition. Le gouvernement envisage pour l’année 2017 une réduction de 160 millions du budget du Ministère de la Justice. Tous les professionnels concernés, magistrats, greffiers, avocats sont vent debout contre ce coup  de rabot budgétaire.

 Apparemment, cette mesure paraît inopportune. Les juges, mal rémunérés, ne sont pas assez nombreux. Les greffes, mal équipés, ne disposent pas de personnel compétent en nombre suffisant. Les prisons sont surpeuplées. Les avocats assurant l’assistance judiciaire perçoivent des honoraires indignes de leur mission de service public.

Cet émoi serait donc très justifié. Cependant, la situation catastrophique de nos finances publiques exige des efforts.

Pour une révolution copernicienne des moyens affectés à la justice

 Dans ces conditions, plutôt que de critiquer les mesures envisagées, ne faudrait-il alors pas prôner une révolution copernicienne dans le financement de la chancellerie ? Pour cela, il suffit de se tourner vers nos amis Allemands : ils ont trouvé, depuis longtemps, la martingale pour résoudre cette question apparemment insoluble.

  En Allemagne, tout justiciable ayant recours au service public de la Justice doit en régler le coût en fonction de la nature du litige et de ses capacités contributives, le tout selon un barème public très précis. L’institution d’une telle révolution financière pourrait choquer nos concitoyens adeptes du principe du libre accès à un service public régalien. On pourrait leur rappeler que le service public de la Santé est tout aussi important que celui de la Justice : et pourtant le patient rémunère l’hôpital public. 

D'autre part, on peut se demander si on respecte le libre accès au service public quand le justiciable attend plusieurs mois une décision judiciaire définitive du fait de l'engorgement des tribunaux.
 

Assainir les finances publiques

 Sous le quinquennat Sarkozy, une timide mesure de contribution aux frais de justice par le justiciable avait été mise en place : la somme demandée au justiciable était de 30 euros par affaire. Cette modeste taxe avait commencé à rapporter plusieurs dizaines de millions. Hélas, Madame Taubira l’a supprimée, préférant que le contribuable soit davantage ponctionné que le justiciable utilisant le service public de la Justice.

 Le Président de la République lors de la campagne électorale, a écrit un livre intitulé « Révolution », ne serait-il pas temps de mettre en pratique des idées révolutionnaires y compris pour le financement des ministères régaliens ?

 Bernard MONASSIER
 Président de BM Family Office 

Chronique parue dans Les Echos le 1er août 2017

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