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vendredi 25 février 2022

LES EHPAD – UN VRAI SCANDALE MAIS UN DEBAT TRONQUÉ

 




« La vieillesse est un naufrage » selon l’expression célèbre du Général de Gaulle dans ses mémoires.

Tout au long de sa vie, chacun d’entre nous a pu vérifier la pertinence de cette réflexion.

Mais il y a également un autre problème : la vie réservée aux personnes placées dans les Ehpad, révélée au grand public par le dossier Orpea mais également par un film récent : « maison de retraite ».

Toute personne se rendant en ces lieux a pu constater des manquements graves, et ce dossier n’est que la confirmation d’une situation qui dure depuis très longtemps.

Cependant, il est étonnant que, ni les médias, ni les pouvoirs publics, ne soulèvent les vrais scandales que révèle cette affaire.

Ephad, un manque de contrôle de la puissance étatique

Il faut tout d’abord noter que si ces dérives se produisent, c’est par suite d’un manque de contrôle de la puissance étatique, ou même pire, de non prise de décisions suite à des contrôles très négatifs.

Il s’agit là d’un véritable scandale d’Etat que personne ne relève mais qui est pourtant le point essentiel : c’est le rôle de l’Etat de veiller au contrôle de ces établissements qu’ils soient publics ou privés.

Un autre point n’est également pas soulevé : depuis une vingtaine d’années, tous les spécialistes de gestion de patrimoine considèrent que le placement en actions de sociétés gérant des maisons de retraite est un placement d’avenir car c’est un marché en expansion assurant des dividendes récurrents.

Chute des actions de gérants de maison de retraite, un problème social

Aussi, les actions de ces établissements sont détenues, dans des proportions importantes, par des retraités mais également par des caisses de retraite qui ont vu là un placement garantissant des ressources pérennes.

La chute boursière qui vient de se produire, dans le cas où elle perdurerait, serait grave pour tous ces investisseurs et donc, à terme, poserait un problème social qui semble totalement oublié.

Location de chambres d'Ehpad, un complément de retraite aujourd'hui mis à mal

En outre, des dizaines de milliers d’épargnants, notamment des retraités commerçants, artisans et professions libérales, ont acquis, pour compléter leurs retraites - généralement modestes - deux ou 3 chambres louées vides ou meublées à des Ehpad.

Ces investisseurs ont réalisé ces placements pour avoir un revenu récurrent indexé.

Le scandale qui vient d’éclater risque de mettre en péril le modèle économique et fragiliser ainsi une population âgée déjà en cours de paupérisation par la reprise de l’inflation et la faible revalorisation des retraites.

Aussi, il est curieux qu’aucun commentateur n’ait pensé également à l’aspect de ce problème.

La plupart d’entre eux critiquent violemment ce système - en place depuis des années - qui consiste à donner la priorité à des établissements privés plutôt qu’à des établissements publics pour recevoir des personnes du 3ème ou 4ème âge.

Cette critique est compréhensible mais il faut se poser une autre question : comment l’Etat pourrait-il faire pour financer de nouveaux établissements ? Cela paraît mission impossible.

Le recours à des établissements privés a été apparemment une solution évidente.

Il y aurait pourtant une autre solution : toute la réglementation sociale et fiscale est organisée de telle sorte que le placement dans un Ehpad est favorisé plutôt que le maintien à domicile. Ne faudrait-il pas revoir cela pour que les personnes âgées concernées aient le choix ? Cela permettrait de régler à moyen termel’explosion démographique qui va se produire par l’augmentation prévisible du nombre de seniors ? N’est-ce pas d’ailleurs le système mis en place par certains pays nordiques?

La qualité et la formation du personnel des Ehpad en question

Enfin, le problème de la gestion de ces établissements soulève un point crucial : la qualité du personnel employé.

Là aussi il faut s’étonner qu’aucune filière de formation ni aucun contrôle de qualité ne soient réellement mis en place : ne faudrait-il pas commencer par là ?

Pour les Chinois et  les Japonais, le mot « crise » est constitué par deux idéogrammes : le premier signifiant « danger », le second signifiant « opportunité ». C’est le paradoxe d’une crise : c’est une situation difficile qui permet de saisir de nouvelles opportunités.

Cette crise ne serait-elle pas l’occasion d’une opportunité pour des solutions innovantes et pérennes ?

Il faut l’espérer.

Bernard MONASSIER
Notaire Honoraire

Vice-Président du Cercle des Fiscalistes