Le Président de la République, par sa présence aux obsèques
de Johnny Hallyday a sacralisé cet évènement comme le souhaitait confusément
notre inconscient collectif.
La disparition d’une icône médiatique - symbole d’une époque
bénie mais révolue, mais aussi symbole d’une époque où la voix de la France
avait retrouvé son audience mondiale après le désastre de 1940 – sera
certainement considérée par les historiens, dans le futur, comme la date
charnière entre le 20ème et 21ème siècle.
2017, par le décès de cette idole et par l’élection surprise
d’Emmanuel Macron marque la fin d’une époque.
L’élection présidentielle symbolise la disparition définitive
des partis traditionnels qui ont tué la IVème République, le triomphe définitif
d’un régime semi-présidentiel au détriment d’un simili régime parlementaire
instauré depuis quelques années, et le retour sur la scène internationale de la
France et de ses valeurs.
Hélas, les luttes byzantines entre les héritiers du chanteur
consacrent également la nécessité pour notre pays d’un véritable aggiornamento
de notre système juridique et fiscal.
En lisant la presse, on découvre, sous le patronyme du
chanteur, l’existence de sociétés en Suisse, Etats-Unis, aux Iles Vierges, qui
pouvaient peut-être servir de paravent fiscal à l’idole. Cette situation juridique compliquée se double de
l’interrogation sur le lieu réel de sa résidence.
Mettre fin à une fiscalité confiscatoire
Tout cela a certainement pour origine d’abord et avant tout,
le souhait de fuir une taxation fiscale qui dépasse pour certains artistes,
écrivains, footballeurs, quelques professions libérales et chefs d’entreprises,
les 60 % de leurs revenus. Il est temps, et cette disparition en est l’occasion, de
mettre fin à cette situation fiscale confiscatoire.
Convergence fiscale européenne : un impératif
En parallèle, il est impératif que l’Union Européenne
comprenne qu’il est urgent d’avoir des taux d’imposition harmonisés et d’éviter
une concurrence fiscale financièrement
préjudiciable aux citoyens et aux budgets des Etats.
Si l’Union Européenne réalisait son harmonisation fiscale,
elle pourrait alors faire entendre sa voix à des pays comme les Etats-Unis (qui ont
adopté récemment une grande réforme fiscale) tout en maintenant des zones qui
sont de véritables paradis fiscaux.
L’Union a bien accepté les contraintes américaines sur le
blanchiment fiscal, pourquoi ne pourrait-elle pas imposer ses propres
contraintes ?
D’aucuns pourraient prétendre que le chanteur aurait
peut-être décidé de régler sa succession aux Etats-Unis non pas pour des raisons
fiscales mais juridiques. Il refusait peut-être essentiellement la notion de
réserve héréditaire au profit de ses enfants.
Il n’est pas sûr que s’il n’y avait pas eu ces problèmes
fiscaux, il aurait pris le risque de laisser ses descendants et son épouse s’affronter
dans des querelles juridiques des deux côtés de l’Atlantique…
S’il n’y avait pas eu ces problèmes fiscaux, son notaire
aurait pu lui expliquer qu’avec l’accord de ses enfants il avait le droit
de réduire voire de supprimer cette réserve héréditaire et d’éviter ainsi tout
procès catastrophique.
Un droit de la propriété intellectuelle inadapté
Cette affaire illustre également l’inadaptation de notre
droit de la propriété intellectuelle et artistique au monde moderne et surtout
sa non reconnaissance par de nombreux pays, notamment les Etats-Unis, comme Maître Hoffmann,
avocat spécialiste dans ce domaine le faisait remarquer dans une chronique
publiée il y a quelques mois.
La France, grâce à Beaumarchais, est à l’origine des droits
d’auteur. Elle dispose pourtant en ce domaine d’une législation archaïque,
dépassée et non compétitive.
Alors Monsieur Macron, pourquoi ne pas profiter de l’émoi
suscité par cette querelle familiale pour réformer l’ensemble de ces
dispositions ?
Espérons que ce message pourra être entendu.
Bernard MONASSIER
Président
de BM FAMILY OFFICE
Vice-Président
du Cercle des Fiscalistes
Retrouvez
plus de points de vue de Bernard Monassier sur Facebook BMFoffice et Twitter @OfficeBM et sur le
site du Cercle des
Fiscalistes
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